Votre séropositivité ne doit pas entraver vos souhaits et envies de voyage. Néanmoins, vous devez préparer votre voyage avec votre médecin et avec beaucoup d'attention car certaines zones géographiques restent à éviter, tandis que d'autres imposent des restrictions d'entrée. De plus, le risque de contracter certaines infections peut être accru et certains vaccins vous sont contre-indiqués.

Planifier son voyage

Il est important de consulter votre médecin traitant avant de partir à l'étranger afin de faire un bilan de santé et de voir avec lui l'ensemble des modalités de voyage.

Certains pays restreignent leur entrée aux individus séropositifs et un test de dépistage "négatif" peut être demandé pour un séjour de plus de 3 mois.

Afin de vérifier l'absence de restriction potentielle d'entrée dans les destinations envisagées et les possibilités de prise en charge en cas de problème médical, vous pouvez contacter SIDA INFO SERVICE au 0800 840 800.

Les personnes infectées par le VIH présentent une sensibilité accrue à certaines infections pouvant bénéficier d'une protection vaccinale (pneumocoque, varicelle, grippe notamment). Elles sont plus exposées à d'autres infections en cas de conduites à risque (hépatite B et A). Pour la majorité des autres maladies couvertes par une vaccination, le risque est le même que celui de la population générale.

Au cours de l'infection par le VIH, certains éléments doivent être pris en compte

  • La réponse vaccinale est moins bonne que chez les patients non infectés, en particulier lorsque le taux de CD4 est inférieur à 500/mm3 et à fortiori inférieur à 200/mm3 et/ou charge élevée. Il est recommandé d'attendre si possible pour vacciner que le taux de CD4 soit supérieur à 200/mm3 et la charge virale indétectable.
  • La majorité des vaccins peut induire une augmentation transitoire de votre charge virale, qui semble sans conséquence clinique péjorative.
  • Les vaccins vivants atténués sont contre-indiqués en cas de déficit immunitaire sévère (CD4 inférieur à 200/mm3).

Cependant, certains vaccins restent justifiés et même recommandés

  • Si le risque à prévenir est jugé important ;
  • Car la restauration immunitaire induite par les traitements antirétroviraux peut être associée à une meilleure réponse vaccinale ;
  • Car de nouveaux vaccins présentent une immunogénicité renforcée par rapport aux vaccins classiques, mais restent à évaluer chez les patients infectés par le VIH.

Dans tous les cas, ceci justifie d'évaluer votre situation vaccinale avec votre médecin afin d'en déterminer le rapport bénéfice/risque.

Vaccins pratiqués chez les adultes séropositifs selon les mêmes recommandations que pour la population générale adulte

  • Diphtérie-tétanos-polio (dTP)

Rappel tous les 10 ans.
Les réponses aux anatoxines tétaniques et diphtériques sont inférieures à celles de la population générale.

  • Typhoïde

Dans le cadre de séjour prolongé ou dans de mauvaises conditions dans des pays où l’hygiène est précaire.
Une injection 15 jour avant le départ.

  • Méningocoque

A et C : voyageurs devant séjourner dans une région touchée par une épidémie.
ACYW135 : voyageurs se rendant à La Mecque ou en zone à risque avéré de méningite à méningocoque W135.

  • Rage

Séjour prolongé ou aventureux et en situations d’isolement dans un pays à haut risque (Asie).
Vérifier le taux d’anticorps post-vaccination.

Vaccins conseillés chez les adultes séropositifs

  • Hépatite B

Recommandé pour tous les patients n’ayant aucun marqueur sérologie du VHB, avec contrôle du taux d’anticorps anti-HBS après vaccination.
Surveillance annuelle.

  • Hépatite A

Recommandé si IgG anti-VHA négatifs, co-infection VHB et/ou VHC, hépatopathie chronique, toxicomanie IV, homosexuels masculins, voyages en zone d’endémie.
Contrôle du taux d’anticorps anti-VHA (IgG) après vaccination.
Une injection annuelle.

  • Pneumocoque

Vaccination recommandée avec rappel tous les 5 ans.
Le vaccin polysaccharidique est recommandé chez les patients ayant des CD4 supérieurs à 200/mm3. Il peut être administré chez les patients avec un taux de CD4 inférieur à 200/mm3, ce d’autant qu’il existe des facteurs de risque identifiés.

  • Grippe

L’immunogénicité de la primovaccination antigrippale est plus faible que dans la population générale, en particulier chez les patients ayant des CD4 inférieurs à 200/mm3.
Malgré ses limites, la vaccination antigrippale annuelle est recommandée en cas d’infection par le VIH.

Vaccin contre-indiqué

  • BCG

Risque de bécégite locorégionale ou généralisée.
Contre-indiqué en cas d’infection par le VIH.

Vaccins contre-indiqués en cas de déficit immunitaire sévère

  • Fièvre jaune

Contre-indiqué.
Indispensable pour tout séjour dans une zone inter tropicale d’Afrique ou d’Amérique du Sud.

  • Rougeole | Oreillons | Rubéole

Contre-indiqué en cas de déficit immunitaire sévère.

  • Varicelle

Recommandé si CD4 ≥ 200/mm3.
Contre-indiqué si CD4 < 200/mm3.

Là encore, la prise en charge sera individualisée selon votre destination et selon votre traitement antirétroviral. Le traitement préventif contre le paludisme devra être compatible avec votre traitement : reportez-vous à la rubrique "interactions médicamenteuses" de la notice ou demandez l'avis de votre médecin ou de votre pharmacien.

Certains traitements antirétroviraux nécessitent des conditions de conservation particulières (ex : conservation au réfrigérateur). Il est donc nécessaire de faire part de votre destination de voyage à votre médecin.

Dans le cadre d'un traitement de substitution aux opiacés, vous devrez être muni de l'ordonnance et d'une autorisation de transport délivrée par la DDASS valable pour l'U.E. Pour les autres pays, renseignez-vous après de la DDASS et des ambassades.

Vous devrez vous munir d'une pharmacie de voyage afin de gérer sur place les urgences. Il faudra prévoir :

  • Une quantité suffisante de médicaments qui vous sont prescrits habituellement pour votre traitement.
  • Les médicaments relatifs à la prévention du paludisme.
  • Des médicaments contre la diarrhée.
  • Des médicaments contre la nausée et les vomissements.
  • Des médicaments contre la fièvre et les douleurs.
  • Un collyre antiseptique (monodoses).
  • Des répulsifs anti-moustiques (peau, vêtements).
  • Une moustiquaire imprégnée d’insecticide.
  • Un gel antiseptique ou une solution hydro-alcoolique pour l’hygiène des mains.
  • Une protection solaire (vêtements, crèmes) en particulier en cas de prise de médicaments photosensibilisants.
  • Des préservatifs.
  • Du matériel pour les soins de premiers secours (pansements stériles et non stériles, bande de contention, set de matériel à usage unique, sutures adhésives…).

Avant de partir, assurez-vous que votre caisse d'assurance maladie rembourse les frais d'une maladie ou d'un accident à l'étranger hors Espace Economique Européen (soins, traitements et transports).

Afin d'éviter l'avance des frais médicaux ou pour un traitement spécifique dans l'Union Européen, une carte européenne (qui remplace l'ancien formulaire E111) est disponible auprès de votre CPAM. A retirer au plus tard 15 jours avant le départ (valable 5 ans dans les pays de l'U.E. ainsi qu'en Islande, au Liechtenstein, en Norvège et en Suisse).

Pour plus d'informations sur les modalités de votre protection sociale, vous pouvez aller sur le site www.ameli.fr de la CPAM.

Vérifiez votre contrat d'assurance et d'assistance médicale couvrant le remboursement de frais engagés et des frais de rapatriement sanitaire.

N'oubliez pas de vérifier la validité de vos papiers d'identité (visa si besoin).

Prenez avec vous votre carnet de vaccinations.

Notez bien les coordonnées des ambassades et des consulats de France, voire des services d'urgence et des hôpitaux des pays visités.

Prenez avec vous les numéros de téléphone, de fax ainsi que l'adresse e-mail de votre médecin traitant.

Votre séjour sur place

Afin d'éviter les infections des voies digestives, renoncez à tout ce que vous ne pouvez pas faire bouillir, cuire ou peler !

  • Ne consommez que de l’eau en bouteille capsulée (bouteille ouverte devant soi) ou rendue potable (filtre portatif ou ébullition à gros bouillons pendant une minute, à défaut un produit désinfectant) ;
  • Le lait doit être bouilli ou pasteurisé ;
  • Évitez l’eau du robinet, les glaçons et les glaces ;
  • Évitez les fruits non pelés, les crudités, les coquillages, les plats réchauffés ;
  • Ne consommez les fruits de mer, le poisson, la viande et les œufs qu’après leur cuisson complète.

Protégez-vous contre les coups de soleil (vêtements appropriés, crèmes protectrices solaires, lunettes de soleil, chapeau...).

Attention, certains médicaments sont photosensibilisants ! Parlez-en à votre médecin traitant.

Protégez-vous de certains parasites : évitez de marcher pieds nus ; ne vous baignez pas dans d'autres eaux que la mer et les piscines désinfectées au chlore ; ne caressez pas, ne jouez pas avec les animaux.

Évitez les piqûres de moustiques en utilisant des insecticides et une moustiquaire. Portez des vêtements couvrants.

Poursuivez sur place les traitements prescrits par votre médecin.

Le décalage horaire doit être pris en compte pour la prise de certains médicaments.

En cas de relations sexuelles sur place, veillez à vous protéger ainsi que votre partenaire par l'utilisation de préservatifs au normes CE.

Afin de prévenir les diarrhées, veillez à vous laver les mains avec un savon (ou utilisez des lingettes) en sortant des toilettes et avant de manger.

En cas de diarrhées, boire abondamment (solution de réhydratation, thé ou sodas), consommez du riz, des bananes et des biscuits secs.

De retour

Continuez votre traitement antipaludique selon la prescription initiale de votre médecin.

Si, pendant votre voyage, vous avez souffert de fièvre, de diarrhées, de problèmes urinaires, de problèmes cutanés... vous devez consulter votre médecin traitant dès votre retour.

Si, après votre retour, vous présentez les symptômes décrits ci-dessus, vous devez également prendre rendez-vous avec votre médecin traitant.